Titre: De la SST pour emporter!
Episode #118: Blessée au travail : Le cheminement d’Amber Hiuser vers le rétablissement
Introduction: Bienvenue à “De la SST
pour emporter”, une présentation du Centre canadien d’hygiène et de
sécurité au travail.
Hôte: Merci de vous joindre à nous pour cet épisode de la série « De
la SST pour emporter! ». Notre invitée d’aujourd’hui est Amber
Heiser, de l’organisme Fil de Vie. Amber a vécu une tragédie en milieu de
travail, ayant été blessée alors qu’elle était une jeune travailleuse. Tout
juste à temps pour le Jour de deuil national, Amber est ici aujourd’hui pour
nous faire part de son histoire personnelle afin de sensibiliser les gens à l’importance
de la sécurité en milieu de travail. Merci de vous joindre à nous aujourd’hui Amber.
Amber: Merci de m’avoir invitée.
Hôte: Amber, pourriez-vous raconter votre expérience personnelle à nos auditeurs?
Amber: Oui, lorsque j’avais 18 ans, j’ai décroché mon premier emploi à temps plein, qui était un poste de nuit comme opératrice de machine. J’occupais cet emploi dans le cadre de mon programme d’enseignement coopératif. Cela faisait deux mois que je travaillais, et j’utilisais une scie à meule à mèche d’acier intégrée, lorsque ma main s’est retrouvée coincée contre la lame. Deux de mes doigts de la main gauche ont été sectionnés. On m’a fait une greffe de peau de pleine épaisseur sur l’un de mes doigts, et attaché chirurgicalement la main à mon abdomen pendant trois semaines.
On m’a aussi installé une vis permanente pour maintenir ensemble les articulations de la main. J’ai subi trois interventions chirurgicales, dont une qui visait à libérer les articulations et qui s’est soldée par un échec. Une autre conséquence a été un préjudice esthétique sur 14 % de la main, des lésions nerveuses permanentes aux deux doigts, et une amplitude de mouvement réduite au minimum. Aujourd’hui, de simples gestes comme presser des boutons, tenir un volant ou faire du sport, notamment tenir un bâton, s’avèrent tous très difficiles pour moi.
Je suis chanceuse d’être parmi vous pour parler de cette expérience, mais malheureusement, ce n’est pas le cas pour beaucoup d’entre nous.
Hôte: Quels ont été les répercussions de votre blessure sur vous et votre famille après l’accident?
Amber: Personnellement, cela a certainement engendré une grande peur chez moi, ce qui fait que j’ai fini par souffrir de stress post-traumatique et que j’ai dû consulter, mais j’ai pu m’en remettre. Pour ce qui est de mes parents, ils ont eu beaucoup de mal à composer avec le fait que leur enfant ait été blessé au travail, et ils ont ressenti de la culpabilité. Aujourd’hui, ils souffrent toujours et consultent encore pour savoir comment surmonter le chagrin causé par un accident en milieu de travail subi par une personne à peine sortie de l’enfance.
Aujourd’hui, mes enfants ne savent rien à propos de ma blessure, car ils sont trop petits, mais ils finiront probablement par comprendre, car ils voient que je fais certaines choses différemment. Parfois, j’utilise des ustensiles différents pour manger, je saisis les choses un peu différemment, et j’ai ma propre façon de m’adapter.
Hôte: Quelles leçons avez-vous retenues de cette expérience que vous souhaiteriez transmettre aux jeunes générations et aux nouveaux travailleurs en général?
Amber: Et bien, le meilleur conseil que je puisse vous donner est de vous fier à votre instinct. Si vous jugez que l’on vous pousse à effectuer un travail dont vous ne connaissez absolument rien, même s’il est sans danger, demandez à une personne de confiance de vous l’expliquer, ou signalez simplement à quelqu’un que vous ne savez pas comment faire. En général, les autres travailleurs ne cachent pas la vérité sur une entreprise, et si vous n’êtes pas convaincu que l’entreprise se soucie de votre sécurité, sachez qu’aucun chèque de paie n’en vaut le coup. Faites-moi confiance.
Hôte: Si vous aviez un seul conseil à donner à un jeune ou à un nouveau travailleur au sujet de la sécurité au travail, quel serait-il?
Amber: Soyez proactifs, soit en vous investissant dans votre propre santé et sécurité, soit en discutant simplement avec d’autres collègues de travail. Essayez d’écouter les histoires des autres et de découvrir s’ils ont déjà été très proches de se blesser au travail ou s’ils connaissent quelqu’un qui a vécu une tragédie. Essayez d’apporter des changements dans votre lieu de travail. Mieux encore, pourquoi ne pas incarner le changement? Vous savez, la sécurité, c’est l’affaire de tous : l’employé et l’employeur. Nous avons tous le droit d’être en sécurité et devons nous protéger mutuellement.
Hôte: En guise de conclusion, avez-vous d’autres réflexions dont vous souhaitez nous faire part?
Amber: Faire partie de Fil de Vie m’a non seulement aidé à surmonter de nombreux défis liés à mon propre accident de travail, mais m’a également permis de croître et de me développer, et de faire connaître mon histoire aux autres, ce qui les a vraiment touchés et a changé leur vie. Avec les années, Fil de Vie a grandi et je suis fière d’en faire partie. Cependant, nous ne sommes malheureusement pas un groupe qui souhaite avoir un grand nombre de membres, mais nous sommes toujours prêts à aider et à soutenir ceux qui en ont besoin.
Hôte: Merci encore une fois de nous avoir raconté votre histoire aujourd’hui. Amber Heiser est porte-parole de Fil de Vie, un organisme qui accompagne les familles touchées par une tragédie en milieu de travail tout au long de leur cheminement vers la guérison, en leur offrant des programmes et des services de soutien familial uniques. Chaque année, des milliers de personnes partout au Canada participent à la marche « Un pas pour la vie », une collecte de fonds qui suit le Jour de deuil national et qui donne le coup d’envoi à la Semaine nord‑américaine de la santé et de la sécurité au travail.
Pour obtenir plus d’information, consultez les sites Web www.stepsforlife.ca et www.cchst.ca.
Merci à tous de votre attention!