Titre : Santé et sécurité pour emporter!
Introduction : Empathie, courtoisie, équilibre, agent de changement, motivation sans perfectionnisme… Êtes-vous curieux de savoir de quoi il s’agit? Vous demandez-vous ce qui vient ensuite? Eh bien, c’est aussi une des caractéristiques du sujet que nous allons aborder aujourd’hui.
Introduction : Bienvenue à « De la
SST pour emporter », une présentation du Centre canadien d’hygiène
et de sécurité au travail.
Hôte : Nous accueillons aujourd’hui
Sue Freeman, guide dans le développement de l’intelligence émotionnelle et
chercheuse en psychologie positive. Nous discuterons de l’intelligence
émotionnelle, un sujet qui gagne en popularité, mais aussi un sujet un peu mystérieux
que nous essayons toujours de comprendre et d’élucider, pendant que les
employeurs et les employés cherchent des moyens de l’intégrer dans le milieu de
travail.
Sue, merci d’être parmi nous aujourd’hui. L’intelligence émotionnelle ou le quotient émotionnel (QE), c’est un sujet qui est vaste. Depuis une quarantaine d’années, il existe un grand nombre de différentes définitions. Pouvez-vous expliquer ce qu’est l’intelligence émotionnelle?
Sue : Certainement, et merci de m’avoir invitée aujourd’hui. J’aime bien expliquer que l’intelligence émotionnelle est un éventail d’habiletés, de compétences sociales et émotionnelles, de moyens qui peuvent nous aider à reconnaître et à gérer les exigences et les pressions du milieu. Lorsque je parle d’exigences et de pressions du milieu, je fais notamment référence aux préoccupations liées à l’équilibre entre la vie professionnelle et la vie personnelle, à la quête de valorisation et de reconnaissance au travail, à ce que nous avons accompli ou à ce que nous voulons accomplir dans notre vie professionnelle ainsi qu’à la conscience de ce qui est attendu de nous – une conscience que nous avons acquise par nos propres outils de connaissance de soi et de connaissance des autres.
Donc, quel que soit notre rôle et la façon dont nous participons au travail, l’intelligence émotionnelle est également une question de croissance et de perfectionnement. Par exemple, nous voulons bénéficier d’un soutien psychologique et avoir un espace sûr où nous pouvons grandir et évoluer; il s’agit là d’un excellent exemple d’un milieu de travail sain. Pensez au travail d’équipe : nous avons besoin de développer nos compétences et nos habiletés émotionnelles, comme la tolérance au stress, la maîtrise des impulsions, la résolution de problèmes, la souplesse et l’optimisme. Ce ne sont là que quelques exemples. Un élément que j’apprécie tout particulièrement et que j’utilise souvent est l’épreuve de la réalité, c’est-à-dire un mécanisme pour explorer ce qui est vraiment réel et ce qui ne l’est pas dans n’importe quelle situation. Cela nous aide à dissiper la confusion. Pour y arriver, il faut examiner les faits et les mettre en perspective de manière à ne pas réagir simplement avec nos émotions à l’information ou à la situation qui se présente – qu’il s’agisse de personnes, de lieux ou de choses.
Alors, nous devons regarder à l’intérieur : de quoi sommes-nous faits réellement? Cela concerne notre intégrité, ce que nous sommes capables d’accomplir, et pas nécessairement ce que nous avons déjà réalisé. Il s’agit des difficultés sur notre chemin, des leçons apprises de nos expériences, de la manière dont nous pouvons apprendre et des moyens de nous épanouir. Nous avons besoin d’intelligence émotionnelle, car nous ne pouvons pas rester figés et rigides. En tant qu’être humain, nous devons rester en mouvement et évoluer afin que nous puissions nous adapter aux exigences et aux pressions du milieu.
Hôte : Beaucoup de gens croient que l’intelligence émotionnelle concerne uniquement les dirigeants dans le milieu du travail. Mais, en réalité, le principe s’applique aux employés aussi bien qu’aux dirigeants, et essentiellement à tous ceux qui travaillent ensemble dans un lieu de travail. Pouvez‑vous nous en dire un peu plus sur l’importance de l’intelligence émotionnelle dans le contexte du travail d’équipe ou de la collaboration avec la direction?
Sue : Certainement. Je pense à notre capacité de fonctionner dans le contexte des relations ou des relations interpersonnelles. Nous devons faire preuve de souplesse, d’empathie et de compassion. Et d’une manière même plus fondamentale, il s’agit de la relation que nous entretenons avec nous-mêmes; c’est comme si nous avions un indicateur de conscience émotionnelle de soi. Cet indicateur nous montre où nous en sommes dans l’utilisation positive de l’affirmation de soi ou, au contraire, dans l’agressivité. Comment est-ce que nous communiquons? Est-ce que nous communiquons clairement? Comment l’autre personne perçoit-elle le message que nous lui transmettons? Est-ce que nous faisons de notre mieux par rapport à notre attitude envers les autres?
Essayez de vous rappeler un moment où vous avez dû vous prendre un peu de recul et vous retenir de dire quelque chose qui aurait pu être négatif ou même vraiment dévastateur, soit envers vous-même, soit envers quelqu’un d’autre. Voilà un exemple de maîtrise de ses impulsions. Réfléchissez à un moment où quelqu’un vous a parlé de problèmes de santé ou d’un autre problème que vit un de ses proches. Pensez à ce que vous avez fait pour appuyer cette personne qui doit aider son ami ou son parent. Vous avez fait preuve d’empathie et de gentillesse. C’est cela l’empathie et la compassion en action. Si nous élargissons ce scénario pour penser au travail d’équipe, nous devons songer à nos propres compétences et habiletés émotionnelles et à ce que nous devons faire pour favoriser de solides relations interpersonnelles qui nous permettront d’accomplir le travail. Par exemple, utilisez-vous la maîtrise de vos impulsions et l’épreuve de la réalité lorsqu’une situation liée travail d’équipe est stressante? Nous avons des délais à respecter, des résultats à livrer. Nous devons nous unir, puis réfléchir au leadership et aux attentes que nous voulons communiquer. De quelle manière communiquons‑nous? Est-ce que nous contribuons à dissiper la confusion? Donnons-nous des exemples?
Ce sont là plus de questions que de réponses, mais c’est la nature même de l’intelligence émotionnelle. Elle est fluide et évolue constamment. C’est quelque chose qu’il faut examiner, et nous pouvons le faire tous les jours.
Hôte : Quelles sont les caractéristiques d’une personne ayant une grande intelligence émotionnelle?
Sue : Passons en revue encore une fois la conscience de soi. Lorsqu’une personne a une conscience de soi élevée, elle connaît bien son seuil de tolérance au stress ou la souplesse qu’elle peut offrir dans une situation donnée, surtout lorsque d’autres personnes présentent des points de vue qui sont peut-être différents du sien. Elle peut donc trouver des moyens de travailler avec des gens et utiliser les compétences qu’elle a acquises.
Rhett Power a publié un article dans la revue Success, en 2015, et il a présenté des idées tirées du livre intitulé L’intelligence émotionnelle : comment transformer ses émotions en intelligence de Daniel Goleman. Il nous dit que les personnes faisant preuve d’intelligence émotionnelle sont des agents de changement, elles contribuent à améliorer les choses, elles ont une vision équilibrée du monde. Elles n’ont pas peur du changement et comprennent qu’il est nécessaire. Cela dit, ces personnes-là ne sont pas non plus des perfectionnistes, car elles savent que c’est impossible, qu’il est important de suivre le cours des choses. Elles savent que nous devons tirer des leçons de nos expériences, puis voir comment faire mieux la prochaine fois. Elles sont aussi à la recherche d’un équilibre. Elles savent à quel point il est important de concilier vie familiale et vie professionnelle. Ce sont des gens qui sont curieux vis-à-vis des personnes qui les entourent et qui ont, par nature, le sens de l’émerveillement.
Les personnes intelligentes sur le plan émotionnel n’aiment pas juger les autres, mais elles aiment poser des questions et veulent explorer les possibilités. De plus, elles sont ouvertes aux situations nouvelles. Elles sont bienveillantes, reconnaissantes des occasions que chaque jour leur apporte, car ces occasions sont stimulantes, gratifiantes, intéressantes ou tout simplement incroyables. Elles se demandent pourquoi telle ou telle situation s’est produite, elles en retiennent quelque chose et se demandent comment il est possible d’intégrer les leçons apprises dans leurs démarches futures.
Hôte : Comment développe-t-on son intelligence émotionnelle?
Sue : Dans son livre Intelligence émotionnelle 2.0, l’auteur Dr Travis Bradbury expose quelque chose de très intéressant : il nous conseille de ne pas limiter la joie que nous pouvons ressentir; nous devons plutôt la rechercher et obtenir de la satisfaction des différents éléments qui se trouvent au travail et dans notre vie personnelle. Nous pouvons ensuite l’intégrer au bonheur que nous procure notre propre croissance.
Il ne faut pas éviter les difficultés de la vie. Au contraire, il faut s’y pencher et trouver pourquoi il est important d’y faire face. Nous ne devons pas chercher la perfection à tout prix. Il faut plutôt voir les difficultés comme l’occasion d’apprendre de son expérience. Nous ne devons pas simplement les qualifier d’échecs, parce que cette attitude être nuisible pour notre bien‑être ou celui des autres. Nous ne devons pas nous accrocher aux échecs, mais chercher le côté positif, sans nous attarder au passé, et ne pas laisser des problèmes ou des ressentiments antérieurs obscurcir une situation par ailleurs claire. Nous devons plutôt examiner les risques à prendre, afin que nous puissions être constructifs et déterminer la suite des choses. L’auteur expose aussi un de mes conseils préférés, qui consiste à dire « non » quand nous le pensons réellement et à dire « oui » également quand nous sommes absolument sincères. Dire « non » est un énorme défi pour bien des gens, parce qu’un sentiment de culpabilité ou de honte les pousse à dire « oui », mais il s’agit vraiment ici de respecter ce qui se passe.
L’épreuve de la réalité entre en ligne de compte aussi. Nous devons voir la situation en fonction de notre seuil de tolérance au stress et dire « OK, je ne suis peut-être pas en mesure de faire cette tâche aujourd’hui, mais trouvons un moment la semaine prochaine qui nous convient pour une réunion ». Nous devons procéder dans le respect mutuel, nous soutenir mutuellement et accomplir le travail, mais nous ne pouvons pas toujours y arriver dans les délais impartis, car la réalité est parfois différente. Et donc, nous trouvons un moyen d’accomplir le travail tout en demeurant souples et en évoluant avec la situation.
Alors pour conclure, nous devons reconnaître qu’il faut toujours faire appel à nos compétences émotionnelles ou sociales pour surmonter les obstacles liés aux inévitables exigences et pressions du milieu, à l’équilibre entre la vie familiale et la vie professionnelle, à la charge de travail et aux relations interpersonnelles. Nous savons déjà que cela s’applique à notre vie professionnelle et personnelle. L’acceptation fait aussi partie du processus. L’acceptation se trouve au début du parcours vers la réalisation de soi et la conscience de soi. Nous voulons donc en tenir compte et nous pencher sur notre croissance personnelle et notre potentiel et voir la situation de la manière la plus positive qui soit.
Hôte : Merci beaucoup de nous avoir parlé aujourd’hui et de nous avoir aidés à mieux comprendre ce qu’est l’intelligence émotionnelle.
Sue : Merci à vous. Bonne journée.
Hôte : Pour en savoir plus sur l’intelligence émotionnelle et la santé mentale au travail et pour obtenir des ressources, consultez le www.ccohs.ca. Merci à tous d’avoir écouté ce balado.