Hôte : Bonjour, je m’appelle Susan Freeman, votre hôte aujourd’hui dans le cadre d’une conversation spéciale sur le CCHST, avec deux invitées : Lee-Anne Lyon-Bartley, vice-présidente exécutive, Santé, sécurité, environnement et qualité, chez Dextera Group inc. et Janet Manila, professionnelle en sécurité agréée au Canada et vice-présidente, Opérations, au Centre canadien d’hygiène et de sécurité au travail, le CCHST. Lee-Anne et Janet, je vous souhaite la bienvenue. Merci, à vous deux d’être parmi nous aujourd’hui.
Lee-Anne et Janet : Merci.
Hôte : Dans le cadre de la conversation aujourd’hui, nous allons parler de l’expérience des femmes qui travaillent dans des domaines traditionnellement masculins. Un domaine en particulier sur lequel nous allons nous concentrer est la santé et la sécurité. Nos invitées nous feront part de leurs réflexions et de leur expertise sur le rôle des femmes dans des postes de direction. Elles nous donneront leur avis sur la manière de lutter contre les stéréotypes et les inégalités sur le lieu de travail. Pour nous aider à lancer la conversation, je vais poser une question générale à nos deux invités. Lee-Anne, commençons par vous. Racontez-moi votre histoire, ce qui vous a amené à faire partie du domaine de la santé et de la sécurité.
Lee-Anne : Oh, merci Sue. Et encore une fois, bonjour Janet. Je voulais juste vous faire part de mon cheminement, qui a commencé, en effet, il y a bien longtemps. En fait, je travaillais pour une très grande entreprise d’alimentation lorsque j’étais à l’école secondaire et, lorsque j’ai quitté l’université, j’ai étudié la santé publique à Ryerson. J’ai eu la chance d’obtenir un poste au sein d’une grande entreprise d’alimentation. Il s’agissait d’un poste de premier échelon, celui d’analyste en santé et sécurité. L’entreprise commençait tout juste à mettre en œuvre l’ensemble de son programme de santé et de sécurité alimentaire et de santé environnementale. Il s’agissait donc d’une grande occasion et au lieu de faire mon stage au sein d’une grande région sanitaire, j’ai saisi l’occasion que m’offrait cette entreprise pour laquelle je travaillais déjà. Et c’est là que mon parcours a commencé, puis, à partir de ce moment, j’ai réalisé des vérifications dans tout le pays. J’ai quitté l’Ontario pour aller vivre et travailler à Fort McMurray, en Alberta, et, vous savez, les occasions n’ont cessé de se présenter les unes après les autres dans le domaine de la santé et de la sécurité. Cependant, la plupart de mes rôles incluaient également l’alimentation, la sécurité et le soutien.
Hôte : C’est fantastique. Merci, Lee-Anne. Janet, qu’en est-il pour vous? Qu’est-ce qui vous a amené à vous lancer en santé et sécurité?
Janet : Oui, en fait, je n’ai pas commencé dans ce domaine. À l’origine, j’ai fréquenté une école de langues, puis après avoir terminé ces études, je suis passée dans le domaine des RH. Je suis passée d’un rôle administratif à un rôle de RH et j’ai commencé à occuper des fonctions dans le domaine de la sécurité. Et, à partir de ce moment, j’ai senti que j’avais besoin de suivre des cours.
Je suis donc retournée à l’école. J’ai également fréquenté Ryerson, où j’ai suivi le programme de santé et de sécurité. Ensuite, je suis passée à un environnement manufacturier, dans le domaine de la fabrication d’acier; l’entreprise n’avait pas de programme de santé et de sécurité, et, à l’époque, elle avait reçu la visite d’un inspecteur du ministère du Travail qui avait donné beaucoup d’ordres. C’est ainsi que l’entreprise a commencé à mettre en place un programme de santé et de sécurité. J’ai donc été amenée à m’occuper des ressources humaines et de la santé et de la sécurité; puis, petit à petit, c’est devenu un poste de santé et de sécurité.
Je suis donc restée dans cet environnement pendant cinq ou six ans, puis je suis passée à l’enseignement postsecondaire et j’ai travaillé au collège Conestoga, qui, comme tout établissement postsecondaire, est une petite communauté en soi. Elle comporte toutes les composantes de la sécurité dans tous ses genres et toutes ses disciplines. Cette expérience m’a permis d’en apprendre plus sur tous les aspects différents de la sécurité. C’est donc là que mon cheminement m’a menée, et maintenant je travaille au CCHST et je suis de l’autre côté de la médaille; c’est encore vraiment génial de faire partie de ce domaine.
Hôte : Merci beaucoup, Janet, merveilleux. Donc, nous avons entendu que vous travaillez toutes les deux dans le domaine de la santé et de la sécurité depuis de nombreuses années et, Lee-Anne, vous avez travaillé dans ce secteur à différents niveaux, depuis des rôles d’analyste jusqu’à votre poste actuel de cadre, et, en plus, je crois comprendre que vous enseignez aussi; c’est fantastique.
Pendant toutes ces années, vous avez probablement vu et vécu beaucoup de choses. Pouvez-vous nous faire part des défis personnels que vous rencontrez dans votre domaine ou des défis qui sont peut-être liés au genre dans un rôle particulier?
Leanne: Oui, quand je regarde dans le rétroviseur… c’est drôle parce que je pensais à ça avant que nous en parlions… Je retourne en fait assez loin en arrière, mais vous savez, je me suis rendu compte que même si j’ai eu la chance de travailler pour des entreprises avant-gardistes, quand vous y mettez les pieds, c’est généralement au premier échelon, et il est très facile d’y rester coincée ou d’y rester parce que les gens n’y pensent pas nécessairement ou ne pensent pas à regarder quelles sont les possibilités ou les occasions pour des personnes comme moi. Et quand je vois des gens comme moi, oui, je suis une femme et je pense que, trop souvent, les femmes dans le domaine de la santé et de la sécurité sont coincées dans des rôles administratifs, et personne ne leur donne vraiment l’occasion de passer à un rôle de gestion ou de passer à quelque chose au-delà des rôles de soutien administratif.
Si vous y réfléchissez, la plupart de nos administrateurs de santé et de sécurité sont des femmes, et je reconnais qu’il peut s’agir d’une catégorie où l’on vous cantonne et où l’on ne vous donne tout simplement pas de possibilité d’avancement, et je pense que dès le début, je me suis interrogée, j’ai constamment cherché des occasions et parlé à mon patron en disant, vous savez, je veux plus, qu’est-ce que je dois faire pour me perfectionner davantage? Et je devais en quelque sorte prendre ma propre défense.
Lorsque j’ai déménagé de l’Ontario pour m’installer à Fort McMurray, il y avait beaucoup de défis à relever et je pense que les gens ont souvent sous-estimé mes capacités, sans même me connaître ou me parler, et ont présumé des choses sur ce que je pouvais ou ne pouvais pas faire. J’ai souvent eu cette impression face à l’attitude des gens et même à certains de leurs commentaires, quand ils me demandaient, par exemple, « comment avez-vous obtenu cet emploi? » ou « qui connaissez-vous? ». On m’a déjà posé ce genre de questions et je pense que… il ne faut pas se laisser abattre, vous savez. Vous devez vraiment trouver la confiance en vous pour savoir que vous avez obtenu ce poste simplement parce que vous étiez capable d’accomplir le travail et de répondre aux exigences. Voilà quelques-uns des défis que j’ai dû relever au fil des ans. J’ai déjà été assise dans une pièce remplie d’hommes où l’on m’interrompait et où l’on m’ignorait. J’ai vraiment vécu toutes ces choses dont beaucoup d’autres femmes parlent quand elles sont dans ce genre d’environnement, et ça peut être difficile.
Et je pense que le temps que j’ai passé en Alberta et même dans d’autres postes ici en Ontario m’a vraiment aidé à me rendre compte que, ce n’est pas de ma faute, vous savez, lorsque de telles choses se produisent, et que je dois vraiment prendre ma place parce que personne ne la prendra pour moi. Et c’est ce que j’ai appris au fil des ans, que, quelles que soient les circonstances, il y a un moyen d’aller de l’avant, et que cela dépend de vous. Et aussi, j’ai veillé à maintenir mes connaissances à jour, à apprendre continuellement, à m’assurer de connaître mon métier, celui de la santé et de la sécurité. Lorsque vous êtes capable d’avoir confiance en vous et que vous savez que vous connaissez ce dont vous parlez, les choses sont plus faciles. Je pense que cela fait vraiment une grande différence, et ce sont là quelques-uns des défis que j’ai dû relever au fil des ans.
Hôte : Merci beaucoup, Lee-Anne, c’était très puissant, très évocateur; de bonnes pensées à transmettre. À vous, Janet. Vous travaillez également dans le domaine de la santé et de la sécurité au travail, tant dans le milieu académique que dans la pratique, et ce, depuis bon nombre d’années. Et comme vous l’avez dit, vous êtes maintenant ici, au Centre canadien d’hygiène et de sécurité au travail (CCHST). Quelles inégalités ou quels préjugés avez-vous pu subir en raison de votre genre?
Janet : Je fais écho à beaucoup de ce qui a été dit. J’ai suivi un cheminement très similaire. J’ai été la seule femme dans la pièce. J’ai été la seule femme dans l’usine, et je me fais l’écho de ce que Lee-Anne a dit, c’est-à-dire qu’il y a des moments où vous êtes mise à l’écart et où votre voix n’est pas entendue, et même si vous êtes l’experte en la matière et que vous comprenez et connaissez votre métier à fond, souvent votre voix n’est pas assez forte ou c’est juste quelque chose que les gens ne souhaitent pas entendre à ce moment-là. La sécurité, c’est difficile; la sécurité est un domaine très difficile. Il s’agit d’un domaine vraiment éprouvant. C’est un centre de coûts. Vous ne générez pas de revenus pour l’entreprise. En fait, vous utilisez toutes les ressources pour l’équipement, la formation et toutes les choses que les gens n’aiment pas vraiment accomplir, et vous devez être la personne passionnée, celle qui doit venir à la table pour imposer ce programme.
Et c’est toujours utile lorsque vous avez la haute direction derrière vous, mais il y a des moments où, vous savez, il y a des coûts, et s’il n’y a pas assez d’argent dans le budget, alors vous êtes le premier centre à subir des compressions… comme dans le domaine de la formation… et vous devez toujours essayer de reconfigurer le système. Vous essayez toujours de vous renouveler et de renouveler votre programme, année après année. Et vous essayez toujours d’innover et de sortir des sentiers battus parce que vous savez qu’à un moment donné, il y aura des compressions dans le service de la sécurité.
Je pense donc qu’il y a vraiment des obstacles. Ils ne concernent pas seulement le genre, mais la sécurité dans son ensemble. Je pense que l’un des aspects positifs de la COVID-19, c’est que les gens comprennent maintenant mieux l’importance de la sécurité. Et la sécurité n’est plus une priorité pour l’entreprise. C’est une valeur, c’est une valeur fondamentale de l’entreprise, et je pense que c’est vraiment un point positif qui en est ressorti.
Oui. J’ai vécu beaucoup de choses différentes. Moi aussi j’ai dû retourner à l’école, faire une maîtrise, continuer à évoluer, me pousser à atteindre de nouveaux sommets. Et je suis d’accord avec Lee-Anne pour dire qu’il y a des moments où les gens font des suppositions au sujet de vos capacités, et j’ai accepté beaucoup d’affectations latérales avant de pouvoir enfin accéder à d’autres niveaux. Et je savais que je devais le faire pour évoluer et donc parfois je pense qu’il est vraiment important de continuer à aller de l’avant pour soi-même, mais de reconnaître que vous devrez peut-être faire de nombreux pas latéraux avant de pouvoir passer à l’échelon suivant. C’est normal. Je pense qu’il est important pour les professionnels, en particulier pour les femmes du domaine de la sécurité, de comprendre que c’est correct. Voilà donc quelques-uns des obstacles auxquels j’ai dû faire face.
Hôte : Merci beaucoup, Janet. C’était vraiment génial d’entendre qu’il y avait des points communs, certains négatifs malheureusement, mais nous couvrons aussi les inégalités, les préjugés, les stéréotypes et vos expériences en matière de leadership. Eh bien, parlons d’espoir et parlons de certains des changements positifs que nous observons. Par exemple, des personnes de tous les genres dans le monde entier célèbrent la Journée internationale de la femme, qui aura bientôt lieu, et les entreprises ou les organisations mettent l’accent sur le genre, la diversité, la formation et même les programmes de mentorat pour les femmes dans le domaine de la santé et de la sécurité au travail. Alors, à Lee-Anne maintenant. Pouvez-vous nous parler de certains changements que vous avez observés ou de l’évolution du domaine au fil des ans?
Lee-Anne : Oui. C’est là que l’histoire est fantastique, car les choses ont changé. Et nous devons le reconnaître. Je ne suis plus la seule personne dans la pièce qui me ressemble et c’est encourageant, non? Et je pense aussi que les entreprises ont reconnu non seulement les entreprises, mais aussi les chefs de file. Elles reconnaissent que la diversité en matière de pensée est nécessaire, que les personnes de tous horizons et de tous genres font la différence, qu’elles apportent des perspectives différentes et je pense que les entreprises le reconnaissent maintenant. Vous savez, pour que j’arrive au niveau où je suis rendue aujourd’hui… je n’y suis pas arrivée seule, et nous devons reconnaître qu’il existe un système de soutien qui nous permet d’avancer, et qui nous donne des occasions même si nous nous défendons nous-mêmes. Il y a aussi des gens qui vous défendent, et je pense que Janet a soulevé un point important, celui de la passion. Je pense que c’est probablement l’un des facteurs clés qui m’a permis d’arriver là où je suis aujourd’hui. Je suis passionnée par la santé et la sécurité, mais je suis également très attachée au professionnalisme dans ce domaine.
Et aider les gens à comprendre le cheminement, à comprendre que c’est juste ça, c’est un cheminement comme si vous arriviez sur un lieu de travail et que vous vouliez changer le monde du jour au lendemain. Comme nous le savons tous, le changement ne se produit généralement pas du jour au lendemain. Et donc je pense que les gens sont plus disposés à entendre ce que les professionnels de la santé et de la sécurité ont à dire; Janet vous avez soulevé un excellent point, continuez à dire que la COVID-19 était comme la montée en puissance du professionnel de la sécurité!
Et beaucoup plus d’entreprises et d’organisations reconnaissent et respectent les contributions des personnes chargées de la santé et de la sécurité. Et même si, au départ, nous pouvons sembler être un centre de coûts, je pense qu’elles reconnaissent de plus en plus que, si on y met un peu d’argent maintenant, on peut en retirer beaucoup à l’autre bout : on économise de l’argent sur les incidents, on économise de l’argent sur le fait que les gens sont plus compétents. Ils fournissent donc un travail de meilleure qualité, mais aussi de façon plus sécuritaire. Ça me donne tellement l’espoir qu’il y aura toujours un espace pour la santé et la sécurité, et les gens au sein des organisations. Vous savez, je parle avec Janet et Sue du CCHST et du rôle important qu’il joue pour changer la culture de la santé et de la sécurité au Canada.
Comme je l’ai souvent dit, le Canada fait un excellent travail, mais nous pourrions faire mieux. Je pense donc que, si nous continuons collectivement à travailler pour changer la culture de la santé et de la sécurité, mais aussi pour nous assurer que nos organisations célèbrent vraiment la diversité des idées, demain sera un jour meilleur, ce qui est vraiment encourageant.
Hôte : Merci, Lee-Anne. C’est au-delà d’un simple vœu, c’est une source d’inspiration. Merci. C’est génial, parce que je vais maintenant passer la parole à Janet, au sujet de ces changements, de ce présent et de cet avenir plein d’espoir, de la montée en puissance du professionnel de la santé et de la sécurité en raison des circonstances de la santé publique et de la santé au travail. Comment percevez-vous l’arrivée des femmes? Le secteur a-t-il changé grâce à des femmes chefs de file comme vous, Lee-Anne et d’autres?
Janet : Absolument! Il s’agit d’un mouvement général. Et je pense que c’est fantastique. Je veux dire que si vous comparez la sécurité d’il y a 20 ans, peut-être lorsque Lee-Anne et moi étions les seules femmes dans la pièce et que nous essayions de faire entendre notre voix dans un espace de travail technique dominé par les hommes, avec n’importe quel service de sécurité, dans n’importe quelle entreprise en ce moment, vous trouverez des femmes comme nous. Et vous savez, elles sont là pour une raison, elles sont passionnées par la sécurité; passionnées par le fait que la sécurité n’est plus seulement une sécurité traditionnelle. C’est une question de santé publique. C’est une question de mieux-être. Il s’agit de la santé; il y a tellement d’aspects que c’est un domaine en plein essor qui passionne les femmes et qui englobe un programme de sécurité complet. Donc, quand on se penche là-dessus… Je sais que Lee-Anne enseigne, et je pense à quand j’enseignais. Quand on entre dans une salle de classe, c’est partagé 50-50, parfois 60/40. Des femmes sont assises dans ces classes, elles veulent apprendre, elles veulent comprendre, elles sont passionnées et elles veulent apporter cette diversité au sein d’une entreprise.
Soyons honnêtes, lorsqu’il n’y a qu’un seul contexte culturel et un seul genre dans un milieu donné, le processus de pensée est généralement le même. Toutefois, la sécurité consiste à sortir des sentiers battus. On doit ainsi chercher à améliorer l’état des choses. Comme Lee-Anne l’a dit, le Canada se tire bien d’affaire sur la scène nationale, mais nous pouvons être bien meilleurs. Et nous avons donc besoin des gens. Nous avons besoin des femmes. Nous avons besoin des hommes. Nous avons besoin des personnes de couleur. Nous avons besoin d’horizons différents pour pouvoir dire : « Attendez un peu, je pense qu’il y a une autre façon de faire les choses; laissez-moi vous en faire part ». C’est ce qui suscite la passion et l’excellence en matière de sécurité.
Et je pense qu’il s’agit d’un mouvement général, et je suis vraiment fébrile d’en faire partie. Et je pense que ce mouvement ne fera que croître, car des établissements comme Ryerson et l’Université de Fredericton, ainsi que d’autres universités mettent en place des programmes dans le domaine de la sécurité. Et puis il y a des maîtrises comportant des composantes de leadership en matière de sécurité. Vous allez voir une main-d’œuvre très diversifiée dans le domaine de la sécurité au travail dans les cinq à dix prochaines années. On a déjà commencé à observer une tendance.
Lee-Anne : Oui, je pense à une autre chose à ajouter à ce que Janet a dit. Si nous regardons seulement les occasions, en ce qui concerne la santé et la sécurité, et vous avez parlé de la santé, de la santé au travail, de la santé publique sur les lieux de travail également, nous devons également reconnaître qu’il existe des différences entre les genres dans la façon dont nous vivons certains des risques professionnels, n’est-ce pas? Je pense donc même au fait d’avoir une diversité de pensée et d’être capable de dire : « Qu’en est-il de ceci et avons-nous pensé aux répercussions qui pourraient être différentes pour les hommes et les femmes? ». Ce sont quelques-unes des choses que je fais en tant que directrice de la Women in Occupational Health and Safety Society. Ce sont certaines des choses que nous défendons également, comme l’équipement de protection individuelle (EPI) : l’EPI n’est-il pas pour tout le monde? Et nous savons que, traditionnellement, beaucoup d’études ont été plus axées sur les hommes. Nous avons donc l’occasion de nous demander : « comment vivons-nous ces choses différemment? ». Peut-être qu’il y a quelques petites différences auxquelles nous devons penser sur le lieu de travail. Et l’EPI en est un exemple.
Toutefois, cette reconnaissance est même présente; l’Institut de recherche sur le travail et la santé accomplit un très bon travail sur certaines des différences entre les genres et la façon dont ces différences se manifestent sur le lieu de travail. Je pense donc que nous devons être attentifs à cela aussi, car même si nous voulons que les choses soient équitables, il pourrait y avoir de légères différences dans les expériences que les gens vivent réellement. La diversité de pensée aide aussi pour ça.
Janet : Il y a aussi le mouvement, Lee-Anne, pour l’étude des maladies latentes et la façon dont elles touchent différemment les femmes et les hommes, qui est un mouvement énorme… Et c’est excitant de constater le changement dans le domaine!
Hôte : Encore une fois, nous avons couvert beaucoup de choses en peu de temps et je vous remercie toutes les deux, mais nous n’avons pas encore tout à fait terminé. Pour conclure, j’aimerais que vous laissiez à nos auditeurs et à nos téléspectateurs quelques paroles de sagesse supplémentaires. Nous en voulons plus parce que nous entendons des choses si intéressantes aujourd’hui. Quels conseils donneriez-vous aux femmes dans le domaine de la santé et de la sécurité au travail, ou dans tout autre domaine traditionnellement masculin? Je vais commencer par Lee-Anne.
Lee-Anne : Mon conseil consisterait simplement à croire qu’il y a une place pour vous, c’est vrai, que vous êtes là pour une raison et qu’il ne faut pas abandonner. Il y a des jours difficiles, quoi qu’il en soit, les hommes et les femmes ont des jours difficiles, et mon conseil serait vraiment de trouver les personnes avec lesquelles vous pouvez établir des liens et former un réseau. Il s’agit de quelque chose que je n’ai pas suffisamment fait au début de ma carrière et je me rends compte de la force du réseautage. S’il existe des occasions de mentorat que vous pouvez saisir et si vous pouvez apprendre des personnes qui vous ont précédé… ce serait mon plus grand conseil. J’aurais aimé en faire plus dans ce domaine.
Et puis aussi, le bénévolat. Je trouve qu’il faut redonner, et il y a beaucoup d’occasions dans le domaine de la santé et de la sécurité pour le faire; plus qu’avant, il est possible de redonner à la communauté de la sécurité. Et en ce sens, vous rencontrez des gens, vous pouvez avoir des conversations et trouver un réseau de soutien. C’est toujours formidable de pouvoir parler à des personnes qui comprennent ce que vous vivez et ce que c’est que d’être un professionnel de la sécurité. C’est donc mon plus grand conseil : construisez votre réseau, et il ne doit pas seulement se trouver sur votre lieu de travail. Trouvez les occasions d’entrer en contact avec des personnes qui peuvent vous soutenir dans votre démarche. Et même s’il ne s’agit que d’échanges entre pairs, c’est formidable de pouvoir parler à des personnes qui comprennent votre situation.
Hôte : Merci, Lee-Anne. Génial. Janet, vos conseils.
Janet : Oui, je veux dire, je pense que je fais écho à ce que Lee-Anne dit, mais ayez confiance en vous. Il y a un espace pour vous. Et si vous êtes une experte en la matière, que vous vous tenez à jour dans votre métier et que vous avez une passion pour la sécurité, soyez confiante, vous avez votre place et vous pouvez fournir vos pensées et opinions sur différents sujets. Et c’est important de continuer à avancer. Certaines grandes choses seront vraiment bien exécutées et certaines ne le seront peut-être pas aussi bien, et vous devrez apprendre de ces erreurs et grandir afin d’aller de l’avant. Et je pense que c’est en grande partie ce qu’on m’a dit une fois : c’est 5 % de travail acharné et 95 % d’exécution. Mais je pense qu’il est vraiment important de croire en soi, et si vous dégagez cette confiance et que vous faites preuve de professionnalisme et de passion, il y a une place pour vous et vous irez très loin.
Hôte : Merci, Janet. Merveilleux. Nous allons donc conclure notre conversation d’aujourd’hui avec Lee-Anne Lyon-Bartley et Janet Manila, deux femmes chefs de file dans le domaine de la santé et de la sécurité au travail et deux personnes qui ouvrent la voie à de nombreuses autres femmes, et qui permettent un meilleur accès à la profession elle-même. Je vous remercie à nouveau. Je suis si heureuse que vous ayez pu vous joindre à nous.
Lee-Anne et Janet : Merci de nous avoir reçues, Sue, merci! Et bonne Journée internationale de la femme.
Hôte : En effet, et donc pour plus de renseignements sur le genre et le lieu de travail, veuillez visiter le site cchst.ca. Merci encore et à la prochaine fois. Restez en sécurité et en bonne santé, au revoir. À la prochaine.