Le défi que présentent les maladies professionnelles pour les médecins
Les médecins sont des experts dans le diagnostic et le traitement des maladies. Ils remplissent ces fonctions, et les percées en médecine facilitent continuellement leur travail. Cependant, un grand nombre de facteurs peuvent compliquer la reconnaissance des maladies professionnelles.
Les maladies professionnelles peuvent généralement être définies comme des maladies ou des troubles découlant de la nature même du travail, ou causées par l'exposition à des substances dangereuses au travail. Elles peuvent prendre plusieurs formes - par exemple : maladie pulmonaire chronique due à l'inhalation de poussière de silice dans une mine durant de nombreuses années; cancer dû à l'exposition en milieu de travail à diverses substances toxiques difficiles à identifier; hépatite B, contractée par un professionnel de la santé au cours de la prestation des soins à un patient infecté.
Bien qu'il soit généralement reconnu que les risques professionnels peuvent causer des problèmes de santé chez les travailleurs, il peut être difficile, en raison de certains facteurs, de déterminer exactement si le milieu de travail est la cause de la maladie, et quelle substance dans le milieu de travail est responsable de cette maladie. Une fois la cause déterminée, des mesures peuvent être élaborées et prises pour prévenir les maladies professionnelles et protéger les travailleurs contre ces maladies.
Les maladies professionnelles peuvent être difficiles à diagnostiquer
S'ils ne sont pas conscients des risques complexes et divers présents dans le milieu de travail, les médecins peuvent ne pas reconnaître que le milieu de travail du patient pourrait être la cause des symptômes de ce dernier. L'une des difficultés réside dans le fait que plusieurs facteurs peuvent effectivement être en cause, et les travailleurs peuvent être exposés à plus d'une substance simultanément ou tout au long d'une période donnée. Par exemple, les travailleurs des fonderies peuvent être exposés à un certain nombre de risques comme le stress thermique, le bruit, le monoxyde de carbone, les vapeurs métalliques et les irritants respiratoires. De plus, des facteurs comme les médicaments thérapeutiques, le tabagisme, la consommation d'alcool et les problèmes de santé préexistants peuvent accroître la vulnérabilité aux maladies professionnelles. Il reste beaucoup à apprendre pour bien comprendre l'incidence de l'exposition à plusieurs substances à la fois présentes tant dans le milieu de travail que dans l'environnement.
Collecte et communication de données
Au Canada, il n'existe pas de mécanisme de collecte et de communication systématiques de données sur les maladies professionnelles, d'où la pénurie de données statistiques - lesquelles pourraient être analysées pour démontrer les liens nouveaux entre le milieu de travail et les maladies. Les chiffres pour un grand nombre de maladies professionnelles sont noyés dans les statistiques générales de la mortalité et les données hospitalières sur les maladies chroniques. Il est donc possible que les causes professionnelles de certaines maladies ne puissent pas être déterminées au moyen de données cliniques et de données de laboratoire et, partant, ne puissent être examinées dans le contexte de la prévention.
Certaines personnes ne tombent malades que longtemps après avoir quitté leur emploi
Bien que des maladies professionnelles soient causées par l'exposition à des substances durant des périodes de moins de cinq ans, ou même d'un an, d'autres maladies, comme le cancer, peuvent n'apparaître que vingt ans, ou même plus longtemps, après la fin de l'exposition. Ce retard complique encore davantage la reconnaissance des maladies professionnelles.
De plus, étant donné que certaines personnes changent souvent d'emploi ou de carrière au cours de leur vie, elles peuvent être exposées à un grand nombre de substances différentes, d'où la difficulté d'établir un lien entre l'emploi et la maladie.
Les risques ne sont pas systématiquement associés à l'emploi
Certaines maladies étant d'origine tant professionnelle que non professionnelle, il est difficile d'associer un trouble donné à l'exposition à une substance particulière. Le cancer du poumon causé par l'exposition à l'amiante n'est pas différent du cancer du poumon causé par le tabagisme. Il faut examiner les antécédents professionnels complets en regard des données cliniques pour déterminer si une maladie est attribuable, ou liée, à des facteurs professionnels.
L'amélioration de la reconnaissance des maladies professionnelles vise à prévenir l'apparition même des maladies professionnelles.
Les maladies professionnelles sous les feux de la rampe
Un forum spécial, Nouvelles stratégies pour la reconnaissance et la prévention des maladies professionnelles, examinera toutes ces difficultés en 2005. Le forum, présenté par le Centre canadien d'hygiène et de sécurité au travail (CCHST), aura lieu les 3 et 4 mars 2005 à Toronto.
Une première du genre, cette activité nationale permettra aux représentants des gouvernements ainsi qu'aux représentants patronaux et syndicaux de se réunir. Elle permettra également aux chercheurs, aux praticiens de la santé et de la sécurité au travail, au personnel de la santé et à d'autres intervenants de communiquer leurs idées, de discuter de la façon d'améliorer la reconnaissance des maladies professionnelles, et de recommander des stratégies visant à prévenir les maladies et à réduire l'exposition aux substances dangereuses.
Risques sur terre et sur mer : une menace pour la vie des travailleurs
Dans les statistiques sur les accidents de travail, chaque chiffre représente une personne dont la vie a été affectée, ou inutilement interrompue, par des incidents au travail. La mort récente de deux travailleurs canadiens, comme tous les autres décès liés au travail, aurait pu être évitée.
Dans un terrain de golf en Colombie-Britannique, un homme maniait une meuleuse d'angle de 5 pouces de diamètre sur un portail en fer forgé, lorsque la meule s'est brisée en plusieurs morceaux. Des morceaux ont été projetés et l'un d'entre eux est venu entailler la cuisse du travailleur, sectionnant une artère importante. Après avoir perdu connaissance en raison de l'hémorragie, le travailleur est décédé.
Selon l'enquête effectuée par la suite, la vitesse maximale nominale de la meule était de 6 110 tr/min, alors que celle de la meuleuse était de 10 000 tr/min. L'enquête a également révélé que la meule avait un diamètre supérieur à 5 pouces, ce qui a empêché l'installation du garde fourni avec la meuleuse.
La Workers' Compensation Board of BC a publié une mise en garde faisant ressortir l'importance d'installer sur une meuleuse une meule dont le diamètre et la vitesse nominale sont appropriés, de veiller à ce que les gardes de l'outil soient en place et de faire en sorte que les travailleurs reçoivent une formation appropriée et portent un équipement et des vêtements de protection individuelle adéquats.
Une autre tragédie s'est produite au Nouveau-Brunswick, lorsqu'un capitaine, qui avait été embauché pour réparer de l'équipement dans une station de salmoniculture, s'est noyé. La victime ne portait pas de gilet de sauvetage ni de vêtement de flottaison individuel (VFI).
Cet homme avait plus de dix ans d'expérience dans ce genre de travail; il connaissait très bien les eaux de la région et avait travaillé seul ce jour-à, comme avaient l'habitude de le faire les travailleurs qui réparaient l'équipement dans les stations de salmoniculture.
L'enquête menée par la Commission de la santé, de la sécurité et de l'indemnisation des accidents au travail (CSSIAT) a révélé que, même si la victime ne portait pas de VFI, des VFI se trouvaient à bord du bateau. Par ailleurs, aucun processus de communication ou d'avertissement n'était en place. La mise en garde Danger!Alerte de la CSSIAT fait mention d'un règlement pris en vertu de la Loi sur l'hygiène et la sécurité au travail; ce règlement exige que les employeurs établissent un code de pratiques pour les employés qui travaillent seuls. Ce code devrait tenir compte des risques associés au travail et de l'intervalle entre les communications, et devrait prévoir un plan d'intervention en cas d'urgence. Des pratiques de travail sécuritaires comme celles-ci auraient pu sauver la vie du capitaine.
Lavage des mains : une sensation de sécurité en dix secondes!
En prenant quelques secondes pour vous laver les mains, vous vous protégez, et protégez les autres, contre le rhume, la grippe et plusieurs troubles gastro-intestinaux. La propagation des germes - terme générique servant à désigner les virus, les bactéries et les autres microbes - est un risque invisible mais bien réel pour la santé, qui survient rapidement, et les mains non lavées en sont la principale cause.
Selon les Centers for Disease Control and Prevention (CDC), le lavage des mains constitue le meilleur moyen de prévenir l'infection. C'est probablement parce que la solution est si simple, qu'on a tendance à l'oublier.
Après la panique engendrée par certains problèmes sanitaires, tels que l'éclosion de SRAS à Toronto, les gens sont souvent plus sensibilisés aux mesures de précaution à prendre pour protéger leur santé, entre autres le lavage des mains. En août 2003, l'American Society of Microbiology a réalisé une enquête sur le lavage des mains dans les toilettes des aéroports. D'après les conclusions de l'enquête, 30 pour cent des sujets observés dans cinq grandes villes américaines ne s'étaient pas lavé les mains après avoir utilisé les toilettes. L'enquête a aussi porté sur les clients de l'aéroport de Toronto qui, par comparaison, s'étaient lavé les mains presque systématiquement - habitude que l'on attribue à une plus grande sensibilisation occasionnée par la menace du SRAS.
Les mains peuvent être facilement contaminées par des germes qu'elles peuvent transmettre tout aussi facilement. Selon les CDC, les cinq scénarios les plus courants de transmission des germes sont les suivants :« des mains aux aliments », « des bébés infectés aux mains puis aux autres enfants », « des aliments aux mains puis aux aliments », « du nez, de la bouche ou des yeux aux mains puis aux autres » et « des aliments aux mains puis aux bébés ».
Nous risquons de contracter des germes chaque fois que nous allons aux toilettes ou que nous changeons la couche d'un bébé. Nous risquons également d'en contracter chaque fois que nous mangeons, cuisinons, buvons, fumons, manipulons de la viande crue ou des déchets, visitons un malade, touchons des animaux ou nous mouchons.
Au travail, il est possible de réduire considérablement la propagation des maladies infectieuses si chacun prend l'habitude de se laver les mains, surtout après être allé aux toilettes. La méthode consiste à bien se savonner les mains pendant au moins dix secondes, ou plus longtemps si elles sont visiblement souillées, et à les rincer à l'eau.
Programme de la Colombie-Britannique visant à couper court aux accidents forestiers
Les bûcherons exercent l'un des métiers les plus dangereux dans les forêts de la C.-B.. À compter du mois de novembre de cette année, on entend résoudre le problème par le biais d'une nouvelle initiative en matière de sécurité forestière, qui consiste à obliger les travailleurs forestiers a détenir un certificat de compétence en vertu de normes industrielles rigoureuses. Grâce à la mis en œuvre du BC Faller Training Standard and Certification Program (programme de norme de formation et de reconnaissance de la compétence professionnelle des bûcherons de la C.-B.), environ 4 000 bûcherons de la province devront être titulaires d'un certificat de compétence d'ici le 31 juillet 2005.
D'après les statistiques de la Workers' Compensation Board of British Columbia (commission des accidents du travail de la Colombie-Britannique), entre 1998 et 2003, 26 bûcherons sont morts de causes liées au travail dans la province et plus de 1 400 ont subi des blessures au travail.
Le BC Faller Certification Program fait partie du programme du BC Forest Safety Council (conseil provincial de la sécurité forestière) nouvellement formé, qui vise à éliminer les blessures fatales et graves dans le secteur forestier de la province. Ce conseil, qui représente toutes les grandes organisations forestières et les Steelworkers-IWA , s'est associé à la Workers' Compensation Board (WCB) pour faire de ce programme une priorité; il prend des mesures concrètes pour le mettre en œuvre le plus rapidement possible.
Ce programme, dont la gestation a duré plusieurs années, marque un tournant important pour l'industrie forestière. Conçu par des représentants de l'industrie, de la main-d'œuvre et de la WCB, le programme est axé sur les connaissances, les compétences et les capacités dont un bûcheron a besoin pour travailler en toute sécurité.
Pour le conseil, il ne fait aucun doute que le programme aura un impact considérable sur le taux de blessures chez les bûcherons et qu'il les aidera à prévenir les risques au travail.
La date limite à laquelle les bûcherons devront avoir obtenu leur certificat est le 31 juillet 2005, et le coût du certificat augmentera à mesure que la date approchera. À compter de 2005, les nouveaux bûcherons devront suivre un programme global de formation afin d'être reconnus compétents. Les bûcherons qui sont déjà titulaires d'un certificat devront le renouveler régulièrement.
Les personnes qui envisagent une carrière de bûcheron pourront avoir accès à des cours de formation approuvés par le conseil et la WCB dès 2005. Cette formation globale est fondée sur une nouvelle norme de formation des bûcherons élaborée conjointement par l'industrie forestière, les Steelworkers-IWA et la WCB.
Le CCHST renforce l'éducation en matière de santé et de sécurité a Costa Rica
Costa Rica est un petit pays tourné vers l'avenir, qui se situe au cœur de l'Amérique Centrale. Les Costaricains forment un peuple pacifique, fier de ne pas avoir d'armée nationale. Ils se soucient de l'amélioration des collectivités et du développement social et ont devancé la plupart des autres pays de l'Amérique Centrale pour ce qui est de mettre en place des systèmes d'éducation et de santé solides et accessibles à tous.
Les autorités costaricaines s'efforcent d'apporter d'autres améliorations en vue de réduire le nombre de blessures et de décès liés au travail. Elles se sont rendu compte que la promotion d'une attitude sécuritaire à la maison ou pendant les déplacements ou les activités récréatives profiterait à l'ensemble de la société.
Elles sont entrées en contact avec le Canada afin de lui proposer de collaborer à la conception de programmes d'enseignement à l'intention des élèves des écoles primaires. Les autorités costaricaines considèrent l'éducation des jeunes comme un moyen d'instaurer une nouvelle culture de la sécurité dans l'ensemble du pays. Bien sûr, le Canada a pris des mesures pour intégrer l'éducation en matière de santé et de sécurité à son programme d'enseignement un peu partout au pays.
Le Canada et Costa Rica ont donc entrepris un projet spécial, par l'intermédiaire du Bureau de coopération interaméricaine dans le domaine du travail à Ottawa. Grâce à la coordination assurée par les deux pays, le Centre canadien d'hygiène et de santé au travail (CCHST) a rencontré deux organisations costaricaines, les a aidées à établir des stratégies et a œuvré à leur côté. Ces deux organisations sont le conseil de l'hygiène du travail du ministère du Travail et le ministère national de l'Éducation. Ce projet avait pour objectif d'élaborer un guide de formation à l'intention des enseignants des écoles primaires, qui encourage l'éducation en matière de santé et de sécurité et qui met l'accent sur les thèmes interdisciplinaires connexes dans ce domaine.
Le projet a vu le jour lors de réunions initiales en mai 2004, au cours desquelles la composition, les responsabilités et les capacités de l'équipe ont été déterminées. Il a fallu deux semaines pour élaborer le projet en équipe; cela s'est passé en plein été (au cours de la saison des pluies) à San José, la capitale de Costa Rica. Avec le concours de spécialistes en éducation et du CCHST, on a enrichi et amélioré les versions préliminaires des documents rédigés par le conseil de l'hygiène du travail, on a créé des exercices de formation et des outils d'enseignement et conçu des images et des exercices. Toutes ces tâches ont pu être accomplies avec l'aide d'interprètes pendant les réunions. Le guide a été rédigé directement en espagnol.
Les spécialistes du CCHST, qui avaient élaboré précédemment un programme d'enseignement en matière de santé et de sécurité pour différents projets mis en œuvre dans des établissements canadiens, ont rapidement reconnu que la culture et l'environnement pouvaient expliquer les différences intéressantes observées entre les objectifs d'enseignement de Costa Rica et ceux du Canada.
D'après Jan Chappel, l'un des spécialistes en sécurité au travail du CCHST, « les spécialistes costaricains en éducation et en hygiène du travail ont vraiment adopté une approche globale de la santé et de la sécurité. Pour eux, il est aussi important d'enseigner aux jeunes comment prévenir l'étouffement par des aliments ou quelles sont les mesures à prendre en cas de catastrophe naturelle que de leur transmettre de l'information sur la sécurité des produits domestiques et les répercussions de l'organisation sur le travail. »
À l'heure actuelle, plusieurs dizaines d'écoles, situées dans diverses régions de Costa Rica, mettent à l'essai le guide d'enseignement, dont le thème (instaurer une culture de la prévention et de la sécurité) met en évidence l'objectif du projet. Les ministères de l'Éducation et du Travail prévoient distribuer le guide dans tout le pays une fois qu'ils auront reçu des commentaires et des suggestions et qu'ils les auront intégrés au document. Le CCHST est fier d'avoir pris part à ce projet conjoint qui vise à promouvoir une culture de la sécurité a Costa Rica.
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