Maladie du charbon (anthrax)

Le charbon est une maladie infectieuse qui peut affecter la peau, les poumons et le tube digestif. L'infection s'étend parfois à d'autres parties de l'organisme, particulièrement si elle n'est pas traitée rapidement. Par exemple, il est possible, mais très peu probable, que le charbon mène à une inflammation des méninges (méningite).

Le charbon est causé par une bactérie appelée Bacillus anthracis, présente dans les tissus vivants d'animaux infectés. La bactérie peut former des spores dans certaines conditions, notamment lorsque les liquides organiques infectés par la bactérie sont exposés à l'air. Si la bactérie ne peut survivre longtemps à l'extérieur d'un animal, les spores peuvent quant à elles survivre dans le sol et d'autres matières durant des décennies.

Pour se multiplier, Bacillus anthracis forme de petites spores. Lorsque ces spores pénètrent dans l'organisme par une coupure ou une écorchure, elles entraînent une infection cutanée appelée charbon cutané. Si les spores sont inhalées, elles sont assez petites pour atteindre les poumons et causer le charbon pulmonaire. La consommation de viande contaminée insuffisamment cuite peut entraîner le charbon oropharyngé (bouche et gorge) ou gastro-intestinal.

Non. La transmission du charbon d'une personne à une autre est très peu probable. Pour qu'une personne devienne infectée, il faut une dose relativement importante – entre 8 000 et 50 000 spores. À titre comparatif, il suffit d'absorber entre 10 et 100 organismes pour contracter la variole.

Les symptômes du charbon varient selon la voie d'infection. Le charbon cutané peut se manifester rapidement, entre 1 et 7 jours après l'exposition, mais les symptômes peuvent apparaître à retardement après plusieurs semaines (période d’incubation). L'infection cutanée est caractérisée par l'apparition de bosses prurigineuses semblables à des morsures d'insecte, suivie d'une ulcération et de la formation d'une escarre noire indolore.

Si les spores de Bacillus anthracis sont inhalées, des symptômes semblables à ceux d'un rhume peuvent apparaître entre 1 et 7 jours après l'exposition (fièvre, sensation générale de malaise, courbatures, fatigue, toux, difficulté à respirer et inconfort au niveau de la poitrine). Il peut s’écouler jusqu’à deux mois avant que les symptômes apparaissent. Les symptômes peuvent s'aggraver et mener à des troubles respiratoires sévères et à l'état de choc.

Dans les cas de charbon gastro-intestinal, les symptômes, qui apparaissent habituellement quelques jours, mais parfois plusieurs semaines après la consommation de viande contaminée, comprennent le mal de gorge, la difficulté à avaler, l'enflure des ganglions du cou, des douleurs abdominales, des nausées, des vomissements et de la diarrhée.
 

Pour confirmer un diagnostic de charbon, il faut qu'un examen de laboratoire révèle la présence de Bacillus anthracis dans le sang, les lésions cutanées ou les sécrétions respiratoires. Des examens d’imagerie du thorax peuvent servir au diagnostic du charbon pulmonaire.

Les tests sanguins de laboratoire montrent également si la quantité d'une protéine donnée (p. ex. anticorps) a augmenté dans le sang. Une telle augmentation est un indicateur de l'infection par Bacillus anthracis. Des cellules spéciales du système immunitaire de l'organisme produisent des anticorps pour neutraliser l'effet des microorganismes envahissants. Des tests peuvent également être réalisés à partir de prélèvements de liquide céphalorachidien, de sécrétions respiratoires ou par écouvillonnage des lésions cutanées.

On administre des antibiotiques. Pour être efficace, le traitement doit être amorcé peu de temps après l'exposition. Si l'infection n'est pas traitée, ou si le traitement débute trop tard, le charbon peut causer la mort. Dans certains cas, une antitoxine sera administrée.

Le charbon humain est très rare en Amérique du Nord. Le Centre de contrôle des maladies de la Colombie-Britannique n'a signalé qu'un seul cas en C.-B., en 2001, et deux en Saskatchewan, en 2006, après une éclosion qui avait principalement touché des animaux (surtout du bétail). Toutes les personnes infectées ont eu des infections cutanées et en ont guéri. Aucun cas d'infection au charbon sous sa forme gastro-intestinale ou respiratoire n'a été signalé chez l'être humain au Canada. La maladie du charbon peut poser un risque professionnel pour ceux qui traitent des peaux, des poils d'animaux, des os ou des produits à base d'os ou de la laine. Les éleveurs d'animaux, les travailleurs d'abattoir, les trappeurs, les chasseurs, les travailleurs des industries de la fourrure, de la tannerie et du cuir, les vétérinaires, ainsi que les travailleurs fauniques, agricoles et de laboratoire qui manipulent des animaux ou des produits animaux infectés risquent également d'être infectés.

Les employeurs devraient procéder à une évaluation des risques afin de déterminer l’existence de risques et de dangers liés au charbon. Les milieux de travail où sont traités des produits animaux devraient être dotés de systèmes de ventilation adéquats, dont des systèmes de ventilation par aspiration à la source pour diminuer la quantité de poussière, ainsi que d'aspirateurs munis d'un filtre à haute efficacité (HEPA). Les travailleurs qui manipulent des matières premières animales devraient connaître les modes de transmission de la maladie. Pour le nettoyage, il faut éviter de secouer ou de battre les peaux, de balayer à sec ou d'utiliser des appareils à air comprimé. Les travailleurs doivent adopter de bonnes pratiques d'hygiène personnelle, notamment en soignant adéquatement toute éraflure et en recouvrant les lésions cutanées. Ils devraient porter de l’équipement de protection individuel approprié (comme un masque protecteur ou respiratoire [N95] bien ajusté, des lunettes et des gants de protection) et utiliser les installations sanitaires pour se laver et changer de vêtements après le travail.

Santé Canada recommande aux travailleurs de laboratoire en contact avec la bactérie d'avoir recours aux méthodes du niveau de confinement 2 ou 3 (selon que les souches appartiennent au groupe de risque 2 ou 3), dans des centres conçus et entretenus de façon adéquate.