Le Canada abrite plusieurs espèces de tiques, de petites bestioles à huit pattes apparentées aux acariens, aux araignées et aux scorpions. Certaines tiques peuvent transmettre des agents pathogènes aux humains. Les agents pathogènes sont des microorganismes (bactéries, virus, parasites) qui provoquent des maladies. La maladie de Lyme est la plus courante et la plus connue des maladies transmises par les tiques au pays, mais il existe d’autres maladies préoccupantes, comme l’anaplasmose, la babésiose, la maladie de Powassan et la fièvre récurrente à tiques.
De nombreux travailleurs au Canada, en particulier ceux qui travaillent à l’extérieur ou qui sont en contact étroit avec des animaux infestés de tiques (cerfs, rongeurs, etc.), courent un risque accru de contracter des maladies transmises par les tiques. Une identification précise des tiques et la prévention des piqûres peuvent réduire le risque de contracter ces maladies, et la détection des signes et des symptômes peut aider à trouver le traitement adéquat. Le présent document décrit comment les tiques propagent les agents pathogènes et comment les milieux de travail peuvent évaluer les risques présents. On y trouve aussi les mesures de maîtrise des risques qui peuvent être mises en œuvre pour protéger la santé des travailleurs.
Mode de transmission des agents pathogènes
Les tiques transmettent des agents pathogènes par leur salive lorsqu’elles se nourrissent de sang. Lorsqu’elles trouvent un animal dont elles se nourrissent, elles enfoncent leurs pièces buccales dans sa peau et prélèvent son sang. Si l’animal est infecté par un agent pathogène, la tique ingère l’agent pathogène en même temps que le sang. Après que l’agent pathogène a pénétré à l’intérieur de la tique, celle-ci peut mordre d’autres animaux et propager l’agent pathogène. Les tiques ont besoin du sang d’autres animaux à certains moments de leur cycle de développement, par exemple le sang de cerfs, de rongeurs et même d’humains. Il arrive que les piqûres de tique passent inaperçues, étant donné qu’elles sont minuscules et que leurs piqûres sont généralement indolores.
Maladies transmises par les tiques
Il est important de savoir quel type de tiques peut être présent sur le lieu de travail, car les différentes espèces transmettent des agents pathogènes différents. Il existe plus de 40 types de tiques au Canada, mais seules quelques-unes d’entre elles peuvent transmettre des agents pathogènes susceptibles de provoquer des maladies chez les humains. Certains agents pathogènes peuvent être transmis aux humains peu de temps après que la tique a commencé à se nourrir, tandis que d’autres ne sont transmis qu’après plusieurs heures d’alimentation continue. Le risque de transmission d’agents pathogènes augmente généralement avec la durée de fixation de la tique à la peau.
Tick-borne Diseases table
Type de tique
Maladie
Temps nécessaire à la transmission d’un agent pathogène une fois la tique accrochée
Temps écoulé entre la piqûre de tique et l’apparition des symptômes (période
d’incubation)
Tique à pattes noires
Tique à pattes noires de l’Ouest
Maladie de Lyme
Dans les 24 heures
3 à 30 jours
Tique à pattes noires
Tique à pattes noires de l’Ouest
Anaplasmose
Dans les 24 heures
7 à 14 jours
Tique à pattes noires
Tique à pattes noires de l’Ouest
Fièvre récurrente à tiques
Dans les 24 heures
De quelques jours à quelques semaines
Tique à pattes noires
Babésiose
36 à 48 heures
7 à 28 jours
Tique à pattes noires
Tique de la marmotte
Tique de l’écureuil
Maladie de Powassan
En aussi peu que 15 minutes
7 à 30 jours
Tique des Rocheuses
Fièvre pourprée des montagnes Rocheuses
4 à 6 heures
3 à 12 jours
Tique des Rocheuses
Fièvre à tiques du Colorado
Dans les 24 heures
1 à 14 jours
Ornithodoros hermsi
Fièvre récurrente à tiques
En aussi peu que 30 minutes
7 jours
Symptômes des maladies transmises par les tiques
De nombreuses maladies transmises par les tiques se manifestent d’abord par des symptômes généraux. Les symptômes courants des maladies transmises par les tiques sont la fièvre, les frissons, les maux de tête, la fatigue, les douleurs musculaires, les nausées et les vomissements. Certaines maladies, comme la maladie de Lyme, peuvent provoquer une éruption cutanée circulaire ou en forme de cible à l’endroit de la piqûre.
Sources d’exposition et évaluation des risques
Toute personne travaillant à l’extérieur, en particulier dans les endroits où l’on trouve des herbes hautes, des arbustes ou des branches basses, peut se faire mordre par une tique. Certaines activités augmentent la probabilité d’exposition des travailleurs aux tiques, notamment s’ils travaillent :
dans les zones boisées naturellement (p. ex. herbes hautes, mauvaises herbes, arbres), en particulier lorsqu’il y a de l’humidité (p. ex. feuilles mortes qui recouvrent le sol);
lorsque la température extérieure est supérieure à 4 °C (généralement au printemps, en été et en automne, lorsque les tiques sont actives);
à proximité d’animaux dont se nourrissent les tiques (rongeurs, oiseaux, cerfs, etc.).
Les professions à risque comprennent notamment :
les travailleurs d’abattoir
les bouchers
les ouvriers en bâtiment
les promeneurs de chiens
les travailleurs agricoles
les travailleurs forestiers
les travailleurs de l’industrie hydroélectrique
les paysagistes
Les arpenteurs-géomètres
les bûcherons
les guides de plein air (p. ex. les personnes qui dirigent des excursions, des randonnées, des expéditions en rivière, de chasse ou de pêche, etc.)
les taxidermistes
les monteurs de lignes de télécommunication
les vétérinaires
les agents de conservation ou de réhabilitation de la faune
Chaque lieu de travail est unique, et l’employeur a l’obligation de prendre toutes les précautions raisonnables qui contribuent à la protection des travailleurs. Pour la plupart des travailleurs au Canada, le risque de contracter une maladie transmise par les tiques pendant leur travail est faible. Toutefois, lorsque les travailleurs courent un risque accru de contracter une maladie transmise par les tiques, l’employeur doit procéder à une évaluation des risques et prendre les mesures de contrôle des risques appropriées. L’emploi d’une liste de vérification des risques aide à définir les risques et les éventuelles mesures de contrôle des risques.
Mesures de contrôle des risques au travail
Après avoir cerné les risques qui pèsent sur le personnel, les employeurs doivent mettre en œuvre les mesures de contrôle des risques les plus pertinentes compte tenu de la hiérarchie des mesures. L’utilisation simultanée de multiples mesures est recommandée, car les mesures isolées sont rarement très efficaces.
Différentes mesures de maîtrise des risques peuvent limiter la transmission de maladies par les tiques dans les milieux de travail :
Éviter, dans la mesure du possible, de travailler dans des zones boisées ou comportant des buissons, des herbes hautes et des feuilles mortes, en particulier pendant la saison des tiques
Entretenir la zone de travail et les environs de façon à ce que les arbres soient taillés, l’herbe tondue et les feuilles mortes enlevées
Demeurer sur des sentiers dégagés et des chemins bien entretenus, dans la mesure du possible
Fournir de la formation sur les modes de propagation des maladies transmises par les tiques, sur les risques d’exposition et d’infection et sur les mesures de maîtrise des risques au travail
Appliquer un insectifuge contenant du DEET ou de l’icaridine sur les vêtements et la peau exposée (toujours suivre le mode d’emploi)
Porter des vêtements de travail traités à la perméthrine (toujours suivre le mode d’emploi)
Porter des chaussures fermées
Rentrer le chandail dans le pantalon et le bas du pantalon dans les chaussettes
Porter un pantalon et un haut à manches longues de couleur pâle
Attacher les cheveux s’ils sont longs
Vérifier la présence de tiques sur le corps après avoir travaillé à l’extérieur, spécialement au niveau des pieds, des aisselles, de l’arrière des genoux, des coudes, des cheveux, derrière les oreilles, à la taille et dans la région de l’aine
Prendre une douche ou un bain après avoir travaillé à l’extérieur pour repérer les tiques non accrochées à la peau
Placer les vêtements de travail secs à la sécheuse à température élevée au moins dix minutes pour tuer les tiques qui pourraient se trouver sur les vêtements. Si les vêtements sont humides, il pourrait être nécessaire de les sécher plus longtemps
Pour laver les vêtements, utiliser de l’eau chaude et un séchage à l’air chaud : les tiques peuvent survivre à un cycle de lavage à l’eau froide ou tiède
Si une tique est accrochée à la peau, il faut la retirer soigneusement dès que possible
Plan relatif à la préparation et à l’intervention en cas d’urgence
Le plan de préparation et d’intervention en cas d’urgence doit être adapté à la maladie transmise par les tiques à laquelle les travailleurs sont susceptibles d’être exposés. Par exemple, un plan axé sur la maladie de Lyme doit être mis en place si le travail est effectué dans une zone susceptible d’abriter des tiques porteuses de l’agent pathogène à l’origine de la maladie de Lyme.
Déclarations et obtention d’aide
Les personnes exposées à des maladies transmises par les tiques dans le cadre de leur travail peuvent tomber malades, manquer des journées de travail ou avoir besoin de soins médicaux. Toute personne souffrant d’une maladie, même de symptômes légers, après une exposition professionnelle aux tiques doit contacter son employeur et un professionnel de la santé. Il se peut qu’une déclaration au ministère responsable de la santé et de la sécurité et à l’organisation responsable de la prévention des accidents du travail soit également nécessaire. Les personnes qui tombent malades doivent être encouragées à s’absenter du travail (une politique sur les congés de maladie peut s’avérer utile à cet égard).
Le fait de contracter une maladie transmise par les tiques peut avoir des répercussions tant physiques que mentales sur la santé des travailleurs, y compris des symptômes de stress, d’anxiété et de dépression. Des ressources et du soutien en santé mentale doivent être offerts à tous les travailleurs, y compris l’accès à un programme d’aide aux employés, le cas échéant.
Veuillez vous référer aux ressources d’information suivantes en matière de santé mentale :
Santé mentale – Centre canadien d’hygiène et de sécurité au travail
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